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Alexandre Marius Jacob, levez-vous !  demande le président

Jacob :   Non. Vous êtes bien assis vous. 

Le président : Et puis enlevez votre chapeau quand vous me parler.

Jacob : Non, vous êtes bien couvert !

Le président : Vous êtes ici pour être jugé, vous devez vous conformer aux usages.

Jacob : Votre justice est une mascarade, j’aurai des égards envers vous quand vous en aurez pour les travailleurs.

 

Le gendarme qui l’escorte lui arrache son couvre-chef sans ménagement.

Dés la première audience, le ton est donnée.

La presse nationale va consacrer ses principaux titres. Car dans les rues d’Amiens l’agitation

Est grande. Un millier de policiers, de gendarmes et de militaires patrouillent en permanence.

Les anarchistes se mobilisent, Jacob est encensé pour avoir redistribué aux pauvres ce qu’il à pris aux riches. Devant une salle comble, Sébastien Faure, dans une conférence retentissante, malmène la police et la magistrature. Il menace de mort témoins et jurés. La réunion terminée

Plusieurs milliers de personnes se regroupent et se dirigent vers la prison en chantant l’internationale « un agent fort éméché prend son révolver et menace la foule » Il est roué de coup par les manifestants. Les soldats chargent à la baïonnette. Les blessés se comptent par dizaines. Le lendemain, le commissaire de police convoque à son bureau les meneurs, dont

Lemaire, le gérant de Germinal. Celui-ci répond par ce billet « C’est nous qui réclamons votre

Présence à notre journal au 26 rue Saint-Roch »               

Voilà pour l’atmosphère

 

       Après l’interrogatoire d’identité, l’avocat général annonce la mort de Royère. Mort en prison et innocent clame Jacob.

Bon, dit le président, s’il y a une erreur judiciaire, sa famille pourra obtenir une révision de son procès, et aura droit à une réhabilitation.

Mr le président : une résurrection ferait bien mieux son affaire.

La curiosité du public ne faiblit pas. Avec un homme pareil, tout est possible, les policiers sont inquiets. Chaque jour le Préfet pose la même question à ses collaborateurs « il est toujours là, pas encore évadé » 

La personnalité de Jacob, sa jeunesse, les exploits, l’engouement du public pour les affaires criminelles, la psychose d’insécurité entretenue par les anarchistes, la multiplicité des cambriolages par « les travailleurs de la nuit » tout concourt à faire du procès d’Amiens un événement national !

Pour les gens qui prennent la société aux sérieux, écrivait Balzac, l’appareil de justice a je ne sais quoi de grand et de grave. Jacob ne trouve pas dans ce déploiement de ce cérémonial rien qui puisse éveiller le respect et la considération.                                                                                                

« Jacob sera donc insolent tout au long du procès » .Le Christ est absent du prétoire. Il ne veille

donc plus sur la sérénité de la justice car depuis quelques mois Monsieur Combe Président du Conseil l’avait fait déclouer des salles d’audiences.    

Précédant les débats, c’est la traditionnelle évocation du passé par le président accusé plus particulièrement de vagabondage comme mousse sur les Bateaux sur les océans.

Le président : une fois rétabli, votre convalescence terminée, vous auriez dû reprendre la mer, la voie des honnêtes gens et des travailleurs.

L’avocat général goguenard enchérit : Une seule explication, Jacob votre désir de vivre aux crochets de la société.

Jacob se contente de hausser les épaules.  Pourquoi essayer de vous convaincre ? Une fois sur pied, je n’ai eu qu’un désir travailler.

Le président et l’avocat général ont un rire narquois.                                                                     

Très sceptiques suivent d’une oreille distraite le récit de Jacob.

Le défilé des témoins commence et s’éternise, des dépositions insignifiantes, d’autres plus sérieuses. Mais toutes ont un caractère commun de se contredire.

L’intérêt se réveille dans les interventions de Jacob.

Toutes les audiences ne sont pas toujours orageuses, Jacob aime rire et ne s’en prive pas.

Ainsi Jacob demande au président si tous les jurés savent lire et écrire.

Le magistrat interloqué répond « je ne sais pas » pourquoi cette question ?

Jacob, c’est ce que je voulais savoir. Vous ignorez donc si parmi ceux qui doivent me juger

Et qui en outre, auront à examiner les pièces de mon procès, alors vous ignorer s’il y a des analphabètes. « Quelle justice !»

Le président demande à Jacob pourquoi il a presque toujours opéré en province.                               Jacob, je faisais de la décentralisation. C’est dans les directives des gouvernements

Si le magistrat dans des explications trop techniques, Jacob l’interrompt :

Monsieur le président reprend Jacob, je vous prie, en matière de cambriolage vous manquez d’expérience et de compétence.

Jacob exerce surtout sa verve sur les témoins.

Le président interroge un curé : Monsieur le curé juré de dire toute la vérité !

Sarcastique, Jacob interpelle le président.

Vous pensez donc qu’un homme de religion peut mentir ?

A une victime qui pleure son argenterie, si vous aviez eu des couverts en fer blanc vous les auriez encore.

A un rentier qui se lamente sur ses titres.

Jacob chers Monsieur, vos titres ne valaient rien. Vos voleurs ne sont pas comme moi, ils sont toujours en liberté. Sans doute ont-ils la légion d’honneur !

Un sacristain raconte qu’après avoir découvert le cambriolage de l’église, à Chalons il est tombé dans une trappe que Jacob avait oublié de refermer, j’ai eu très peur, confesse-t-il

Sans doute a-t-il cru se retrouver en enfer « ajoute Jacob sous les rires de la salle comble.

Un notaire est interrogé sur le montant du vol il répond avec négligence.                                       « Peut important 1000fr or »

Jacob pour ce monsieur, c’est une bagatelle. Mais il faut une année pour un ouvrier pour gagner cette somme !

Pour Jacob son sens de la répartie, du mot juste, ses formules caustiques, avec la volonté de choquer, déclenche des applaudissements très nourris. Une salle chauffée à blanc par les anarchistes. Toutes les figures marquantes du monde libertaires sont là. Tour à tour cynique,

Ironique, insultant. Jacob conduit les audiences, interpelle les jurés, l’avocat général et les

Experts. Le président laisse faire, il se surprendra même un jour à lui dire merci.

Amiens est en émoi, l’opinion publique tourne en faveur de Jacob

Comme dans tous les procès il y a des moments cocasses et terribles. Jacob voulait de grandes discussions pour mettre en évidence la souffrance des pauvres, et l’indécence des riches. Il n’a

Nullement cherché l’apaisement où il aurait pu avoir un peut de clémence.

De formules en formules, les monologues de l’intarissable accusé, se poursuivent dans une ambiance d’étuve. Cependant, tout ceci révèle le caractère sommaire, ou bâclé de l’instruction. Jacob occulte le rôle de ses complices, endosse tout le vrai comme le faux

Jacob s’attribue les coups de feu sur l’agent Prouvost, alors que l’expertise balistique démontre le contraire-les rainures relevées de son revolver diffèrent de celles qui étaient sur les balles meurtrières Jacob voulait dégager Bour qui est le seul coupable et responsable

Parmi les témoins à charge « Léontine Tissandier, la compagne de Bour »

Le président.

« Parlez sans crainte. Votre franchise à l’instruction a servi la cause de la justice et de la vérité. Vous avez assisté personnellement à des partages de butin. Voulez-vous nous le confirmer ?

Léontine Tissandier : Oui il y avait des malles pleines qui arrivaient rue Leibnitz, il y avait des conciliabules entre « Bour, Ferrand, Jacob, Rose son amie, sa mère, et d’autres encore ils Parlaient de leurs vols.      

Le président évoque la soumission de Rose à Jacob, cette obéissance est étrange vous avez au moins quinze ans de plus que votre amant.

Toutes griffes dehors, Jacob n’attend pas la réponse de Rose

Monsieur le président : j’ai le droit, il me semble, de choisir pour compagne qui je veux.                                                             

Monsieur le président je ne cherche pas à savoir avec qui vous coucher ! Car ont connaît les mœurs des magistrats, vous préférez les tendrons, les adolescentes « en maison » N’est-ce pas

Le président ne relève pas cette nouvelle impertinence.

A chaque audience, seul le nom de Jacob attire une nuée de curieux qui s’abattent sur les bancs comme des rapaces autour d’un cadavre. Les robes noires des avocats s’agitent dans le prétoire. Le regard fixe des jurés ne le quitte pas sur leurs visages on devine beaucoup de lassitude mais pas de pitié pour les accusés.

La plupart des victimes se présentent à la barre pour demander réparation, jouées, bafouées, dévalisées, elles crient toute vengeance

A Jacob d’intervenir comme un comptable consciencieux penché sur ses livres de comptes

« Avant le vol, » peut-être étiez-vous des honnêtes gens, et encore ? Mais aujourd’hui en entrant dans cette salle vous êtes devenus des fripons.

« Jacob »Ce procès est une pièce de théâtre à trois personnages : Le Président, l’Avocat Général, et Jacob se livrent à un assaut en règle. En ville ont ne parle que de cette empoignade, Jacob, à lui seul fait plus de bruit que les deux magistrats. A chaque bonne répartie le public, s’esclaffe ; les réflexions fusent de toutes parts, à peine contenues, les uns dans un tumulte épouvantable qu’il s’agit d’un homme très bien, et d’autres d’un fieffé coquin

Germinal rend compte des débats. C’est articles sont d’une rare violence » Si tu veux être libre achète un fusil ! Si tu n’as pas d’argent vole-le ! Réunions, manifestations tout est bon pour descendre dans la rue.

Le président, dans une de ses multiples interventions s’applique à détruire le mythe de l’homme d’honneur, généreux et désintéressé « Il poignarde dans le dos ! » la phrase reviendra plusieurs fois.

 

Lors de la troisième audience, le président sous prétexte d’apporter des précisions sur quelques vols de Jacob se lève il lit d’une voix grave, plusieurs pages, le propos est pondéré.                 Sa défense est un pamphlet impertinent il vide son cœur et son âme « Je suis un anarchiste non violent »Il s’interdit tout faux pas, tout reniement.                                                                                  

La cour, le jury, le public l’écoutent avec un ahurissement grandissant. Beaucoup, dans cette salle, lui sont acquis. Il raconte sa vie tumultueuse. IL plaide coupable et se glorifie de ses cambriolages. Son avocat Maître Justal tente de le modérer, en vain.

Le rédacteur de l’Aurore rend compte de cette diatribe.                                                                                        

                                                                                                                                                                                             Ce n’est pas la société, représentée par les magistrats et les jurés qui jugent Jacob.                                                                                          Mais c’est Jacob qui fait le procès de la société, en vérité, il conduit l’affaire, il est toujours en scène, il préside, et il juge.

Le plaidoyer est repris par les journaux anarchistes, distribués gratuitement. Dans là Somme le tirage de Germinal est multipliés par cent, sa promotion est fulgurante. Il est publié sous forme de tract et distribué dans les rues. On ne parle que de Jacob, en France et à l’étranger.

En voici les passages les plus significatifs « Vous savez qui je suis : un révolté vivant de ses cambriolages. Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n’implore, ni pardon, ni

Indulgence, je ne sollicite pas ceux que je haïs et que je méprise. Vous êtes les plus forts.

Disposez de moi comme vous l’entendez. Envoyez-moi au bagne ou à l’échafaud…Mais

Avant de nous séparer, laisser moi dire un dernier mot.

Vous appelez un homme voleur et bandit, sans vous demander s’il pouvait être autre chose.

A-t-on vu un rentier se faire cambrioleur ? J’avoue ne pas en connaître. Moi Jacob, je ne suis

Ni rentier, ni propriétaire. Je ne possède que mes bras et mon cerveau pour assurer ma

Conservation. Car la société ne m’accorde que trois moyens d’existence : le travail, la mendicité et le vol. Le travail, loin de me répugner me convient. Ce qui me répugne, c’est de suer le sang pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer dont je suis frustré. La mendicité

C’est l’avilissement, et la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie. 

 « Le droit de vivre ne ce mendie pas, il se prend »

Jacob, le vol c’est la restitution, la reprise de possession. Plutôt que de mendier, ce à quoi j’ai le droit, je préfère m’insurger en faisant la guerre aux riches, en attaquant leurs biens. Certes, je conçois que vous auriez jugé meilleur que je me soumette à vos lois. Alors, vous ne me diriez pas que je suis un bandit cynique, mais un honnête ouvrier. Les prêtres, promettent bien le

paradis à leurs dupes.                                                                                                                              

Vous, vous êtes moins abstraits, vous leurs accordez la médaille du travail.

Toujours Jacob. Je me livre au vol sans aucun scrupule. Je n’accepte pas votre moral qui prône le respect de la propriété comme une vertu, alors qu’il n’y a pas de pires voleurs que les propriétaires. Estimez-vous heureux que ce préjugé n’ait pris racine dans le peuple

Mais prenez-y garde, car tout n’a qu’un temps.

La prison, le bagne, l’échafaud ? Mais que sont ces perspectives, en comparaison d’une vie faite de souffrances ? Les peines que vous infligez ne sont pas des remèdes contre les actes de violence et de révolte.

Les mesures coercitives, ne peuvent que semer, la haine et la vengeance. C’est un cycle fatal. Depuis que vous tranchez des têtes, depuis que vous peuplez les prisons et les bagnes, avez-vous empêché la haine ? Les faits démontrent le contraire et votre impuissance. Pour ma part,

Je savais que ma conduite ne pouvait avoir d’autre issue que le bagne ou l’échafaud. Ce n’est pas ce qui ma retenu, j’ai préféré être voleur que volé. Si je suis livré au vol, ce n’est pas pour un gain quelconque. Je n’ai surtout pas voulu faire la fortune d’un maître.

Je fais la guerre aux riches, voleurs du bien des pauvres. Je n’approuve pas le vol, je n’en ai usé comme un moyen de révolte propre à combattre le plus inique de tous les vols la propriété individuelle.

     Le correspondant de l’Illustration a le mot juste quand il écrit, que Jacob est parfaitement indifférent aux conséquences de ses actes.

Un homme vraiment étrange ! Son visage reflète à la fois un ressentiment, et la douceur. Quand il s’adresse au président ou a l’avocat général, ses muscles et son visage se tende et ses yeux noirs font des éclairs farouches. Au contraire quand il lance une plaisanterie aux témoins où parle avec son défenseur, il est empreint de bonhomie.

   Le Libertaire lui consacre tout un numéro laudatif à souhait.

Après deux années mortelles de claustration, un homme possédant un degré toujours égal d’une telle énergie, et d’une lucidité semblable est d’une nature peu commune.

On à tenté de montré son double aspect, d’un fanfaron illuminé et d’un escarpe égoïste et sanguinaire, avec ses fortes déclarations sur sa vie entière, son sourire calme lorsque ses yeux se posent sur autre chose qu’une manifestation de l’autorité.

En sont des démentis des plus formels.

Les débats sont de plus en plus explosifs les incidents se multiplient entre la défense et le

Président Wehekind. A l’un des avocats celui-ci dit maladroitement.

J’accorde des égards à qui le mérite, mais certainement pas à vous.

Le tumulte est général. Touts les avocats quittent l’audience en signe de protestation.

Jacob se lève d’un bon !

Sans avocats, nous ne pouvons plus rester ici !

Sur un geste de lui, tous les accusés sont debout et ils crient vive l’anarchie ! 

« Président pourri ! » « Avocats Général assassin ! »

Et d’entonner, tour à tour « l’Internationale et la Carmagnole » Les Gendarmes ne savent

Plus ou donner de la tête. Dans la salle, les curieux les moins téméraires s’éclipsent.

En fin le dernier mot est au ministère public. D’une voix de stentor il lance :

Je réclame l’expulsion des accusés.

Les accusés sont arrachés de leurs bancs, et reprennent le chemin de la prison.

Le procès se traîne alors jusqu’à la conclusion sans la présence de Jacob et de ses complices.

C’est sans aucun doute ce que souhaitait le président, irrité, et dépassé par un accusé trop encombrant. Le reste du procès se joue sans le personnage principal « Jacob » et perd désormais tout intérêt.

Ceux de Germinal, partisans des grands moyens parlent d’ameuter la population et de massacrer plusieurs jurés. Car le président et l’avocat général sont trop bien gardés pour qu’on puisse les approcher et les tuer. Malato, plus réfléchi, fait repousser cette idée, mais un avertissement solennel est adressé aux jurés.

N’allez pas croire que si vous rendez un verdict sévère, que vous allez pouvoir retourner ensuite à vos plaisirs. Ne pensez pas que votre justice a entre ses griffes tous les membres

De cette phalange de révoltés qui ont juré, d’anéantir la propriété. Sachez que nous sommes là, épiant vos mouvements, sondant vos intentions et si vous osez frapper nous vous briserons ;

·       Vous avez la loi et la force pour vous. Nous avons la ruse. Nous fermerons nos cœurs à la pitié, nous frapperons dans vos familles. Tous les moyens seront bons : explosifs ou révolvers. Ne croyez surtout à de vaines menaces.

Osez condamner sans pitié nos amis ! Et nous aussi nous vous condamnerons sans pitié !

Comptez avec nos représailles, que cette vision fatale de votre sort soit présente à votre esprit au moment du jugement.

·       Vous êtes avertis

·       Gardez vous.

Le parquet reçoit une note impérative du Gardes des Sceaux lui enjoignant de requérir avec une extrême sévérité, mettant l’accent sur l’aspect antisocial des menées anarchistes.

Le même parquet toujours sur ordre, laisse prescrire des infractions graves pour étouffer le scandale des chemins de fer qui risque d’éclabousser d’éminentes personnalités du régime

(1) « Journal, Officiel sur les débats Parlementaires, du 13 Novembre 1905 »

Les magistrats vont suivre ces directives. Car ils ont tout à attendre du pouvoir politique pour leur carrière. Le désir d’avancement rend docile les magistrats les mieux assurés contre les pressions. Les jurés peuvent s’abuser ou s’égarer, ils ne sont hommes.

Tandis que le juré n’est qu’une machine à condamner ou à acquitter suivant l’intérêt du moment. « La magistrature n’est accessible à des jeunes gens fortunés, ils ont des préjugés des gens ou la vie à été facile et s’est écoulée dans un milieu exempt de tout souci financier. « L’emprise du gouvernement est entière »

Etienne Flandin, pouvait en 1905 s’écrier à la chambre des députés « Que seul l’Empire Ottoman Connaissait un système aussi bizarre »

Bien entendu, les promotions favorisent les plus dociles des solliciteurs. Alors les juges de Jacob sont de ceux-là. Ils pèseront de toutes leurs forces pour faire prendre aux jurés une décision sans circonstances atténuantes. Aussitôt après le procès, leurs conformismes politiques seront récompensés par un emploi supérieur.

L’avocat général demande le maximum des peines encourues » Soit, la mort pour Jacob et Bour, et les travaux forcés à perpétuité pour la plupart des autres accusés.                                                 

La consternation est sur leurs visages, seul Jacob reste serein.

Comme beaucoup de procureurs, il a des prétentions au style et aux lettres. Avant de conclure, il récite un vers en Latin, appris la veille, et que pas beaucoup de personnes présentent dans la salle n’ont pas compris, il cherche l’effet à travers ses classiques. C’est certainement, un bon père, un bon mari, comme le répètent les épitaphes dans tous les cimetières. Il proclame que « l’anarchisme est un phénomène pathologique » Et demande aux jurés d’enfoncer le scalpel du chirurgien pour le faire disparaître. Après ce discours mémorable, une quinzaine d’avocats s’efforcent de minimiser le rôle de leurs clients.

Maître Justal présente Jacob comme « un cœur violent et tendre une nature compatissante

Et farouche à la fois » Peut-être va-t-il un peut trop loin lorsqu’il en fait « l’incarnation du génie du bien » Le terme de sa péroraison est plus juste : « Il se considérait comme un redresseur de torts. On a vu dans toutes les époques de l’histoire, ce genre d’homme, hallucinés à la recherche d’un idéal. Il y a au fond de ces hommes une foi que nous ne pouvons saisir « Car Jacob n’a jamais voulu tuer »

LE 22 Mars dans la soirée, le verdict est rendu

L’un derrière l’autre, les douze jurés réapparaissent et gagnent leurs sièges. Certains baissent la tête, et d’autre se compose un visage dur.

 Messieurs, la cour ! Glapit l’huissier.

Les Robes rouge s’avancent et prennent lentement place dans leurs fauteuils

Puis le président s’adresse au jury.

Veuillez communiquer à la cour le résultat de vos délibérations

Le jury a répondu à six cent quatre-vingt-seize questions. Un record ! Onze heures de discutions. Les jurés sont des distributeurs « de oui »et de « non » automatiques. On entend, un homme fatigué et pâle, après onze heures de délibérations, tient une feuille de papier, et articule péniblement.

Sur mon honneur et ma conscience, la déclaration du jury est :

A la lecture des réponses au long questionnaire, la feuille de papier ne cesse de trembler entre ses doigts. Tous les regards sont tournés vers lui. Au silence qui avait accueilli la reprise de l’audience, succède un malaise indéfinissable, une sorte de vertige qui fait appréhender aux avocats et aux publics l’instant ou le président ordonnera aux gardes :

« Amenez les accusés ! » La pitié s’empare de beaucoup de gens dans la salle.

Enfin sur un dernier « oui » Le président s’assoit. La cour se retire pour délibérer sur les peines. Cette liste impressionnante de « oui » laisse peu d’espoir Les condamnations sont sévères :

Les travaux forcés à perpétuité pour Jacob et Bour !

Ferrand, vingt ans de travaux forcés. Pélissard, et Bonnefoy huit ans. Cette peine équivaut 

A la perpétuité, car supérieure à sept ans elle entraîne l’obligation de résider en Guyane jusqu’à la mort.

Clarenson et Sautarel, cinq ans.

Rose, cinq ans de réclusion. Marie Jacob, cinq ans de prison.

Neuf acquittements.

Les autres accusés accumulent chacun plusieurs années de réclusion,                                                     

où d’emprisonnement 

L’audience est levée. La foule se disperse. Le Palais est redevenu désert. Encadrées par deux Gendarmes, les deux femmes en noir s’avancent péniblement en sanglotent, appuyées l’une contre l’autre. Ce sont la mère de Jacob et sa compagne.

 Le verdict ne déçoit pas les partisans d’une répression impitoyable. Et l’opinion publique,

Ne souhaitait aucune indulgence. L’arrêt porte la marque de réactions passionnelles, et de la peur. Chacun était persuadé de l’existence d’un complot anarchiste de grande envergure

Et de caractère insurrectionnel. Le jury préposé à la vengeance et à la répression,                     les douze jurés ont été terribles. Les magistrats furent à la hauteur de leur rôle. L’avocat général les apeura avec ses histoires de brigands, et le président réconforta leur civisme par une allocution mielleuse, les invitant, à ne pas se laisser toucher, ni par le sentiment, ni par la raison. Une société qui se dit vertueuse, ne peut tolérer la générosité.

La partie était inégale. Tous les accusés ont été littéralement matraqués par le président et l’avocat général, des partenaires d’une dimension impressionnante.

D’abord le Président. Plus redoutable que le ministère public, car ses attaques sont plus feutrées et nuancées, soigneusement distillées tout au long des débats, il faut aussi ajouter une autorité redoutable, qui vient de ses fonctions et de son objectivité qui n’aura pas dépassé l’apparence. Il y a l’avocat général, mainteneur d’une société qui veut ignorer la pensée anarchisme et l’assimile au brigandage. Tout au long des audiences, il a su se mettre au niveau les esprits simples qui faisait la moyenne du jury. Comme toujours et encore aujourd’hui, leur recrutement relève du mystère. A Amiens, la plupart sont des rentiers, des commerçants, des petits propriétaires, des exploitants agricoles, attachés à leurs biens.                             

L’anarchisme, une horreur ! Des gens satisfait de leur soudaine importance. Une cour qui s’emploie à les traiter avec respect, tous ont la tête remplie d’images sommaire révolutionnaires de l’anarchisme.

Du point de la morale, ces condamnations sont un bien. Mais du point vu de la vérité ce verdict est difficile à défendre. Car ont s’est peut soucier de la nature des preuves qui leurs ont été présentées ! Chaque cambriolage a ses auteurs. Or il à été impossible de les identifier sauf pour quelques-uns. La plupart des participants sont restés dans l’ombre. On a tourné là difficulté en condamnant les accusés comme complices. Ils n’étaient pas coupables des vols. Mais pouvait-on les considérer comme complices ? Mais complices de qui ? Nous l’ignorons. Quelle complicité qui à donner des ordres en qui et en quoi ? Nous ne connaissons pas la raison pour cause ! L’avocat général et les jurés ne l’ont jamais dit « Le savaient-ils ? »  Dans leurs majorités les accusés ont été condamnés sans preuves. Les juges se sont abrités derrière les suspicions de la complicité ?  De telles décisions laissent à réfléchir sur la justice des hommes

Jacob est reconduit dans sa cellule c’est une vielle voiture attelée de chevaux qui le transporte à la prison. Aux abords de la prison des milliers de personnes l’acclament et chante          

                                                       « L’internationale ».

Le verdict fait des mécontents, dans les fiches anarchistes mais aussi dans la grande presse ainsi pour Le Progrès de la Somme « cet arrêt est lâche et hypocrite » Pour son éditorialiste, la sévérité de certaines condamnations s’explique par une culpabilité qui est incertaines que l’appartenance anarchiste des accusés, Ils sont punis par délit d’opinion. On leurs a fait un procès de tendance ? Ont les envoient au bagne parce qu’ils sont anarchistes.

La condamnation de madame Jacob est la plus discutée. La ligue des droits de l’homme apporte sa contribution à ces protestations véhémentes.                                                                                                          

 

APRES LE ASSISES D’AMIENS VIENNENT CELLE D’ORLEANS 

 

Jacob y comparaît pour tentative de meurtre sur le policier Couillot.

Le transfert s’effectue le 30 Mars. Jacob écrit à sa mère !

Biens que n’ayant pas pris le train de plaisir, mon voyage n’a pas manqué d’agrément. Comme tu dois le penser, j’étais l’objet de la curiosité générale. D’AMIENS à Liancourt

À chaque halte, à chaque station, la foule des voyageurs se massait autour du wagon, curieuse, je dois même ajouter très sympathique. Quelques ouvriers m’ont même offert leur modeste déjeuner. Le peuple est bon, quoi qu’on dise. Ce n’était pas plus la foule en délire stimulée par l »alcool qui, à Abbeville, hurlait des cris stupides et féroces, mais des hommes éclairés, et mieux instruits par les débats d’Amiens.

L’opinion publique regarde d’un œil différent Jacob et les anarchistes .Les débats reproduits dans l’ensemble de la presse donnent des travailleurs de la nuit et de Jacob    une image plus humaine. Ont convient que ces cambrioleurs volent pour redistribuer.

 Sont d’une espèce peut ordinaire. Jacob en à conscience il y a moins d’amertume dans ses lettres l’épreuve le renforce dans ses convictions, sa mère reçoit ce commentaire qui adoucit et calme sa peine sa douleur.

 

CHAQUE JOUR JACOB ADRESSE UNE LETTRE A SA MERE

 

Le préau où je me promène ressemble à s’y méprendre à l’une des fosses du jardin des plantes c’est amusant car ne va pas au bagne qui veut .Je pence à toutes sortes de cataclysmes qui menacent les mortels vivant en liberté sur cette terre.

Moi je suis captif je me trouve heureux, je mange, je bois, je dors, je respire et je pense voilà qui fait mieux comprendre la vocation.

Le monde est un composé de dupes et de fripons, comme par le passé, je te conseille de demeurer hautaine et ferme. Ne demande ni grâce, ni libération conditionnelle, n’ayant rien fait, tu n’as rien à solliciter, une fois libérée, je te conseille de ne pas demander la révision de ton jugement. La révision de ton procès te rendra-t-elle les années de liberté que la société t’a escamotées.

 

Le 13 Avril,

Je te sais forte et pleine de courage. Fait en sorte de persévérer dans cette voie, pas de faiblesse, pas de défaillance. 

 

Le 24 Juillet 1905, la cour d’assises d’Orléans condamne Jacob à vingt ans de travaux

Forcés pour vol qualifiés et violences sur agents. L’affaire est expédiée en une journée

Jacob relate non en humour les débats de son procès.

On s’ennuie en cellule et les comédies des assises servent de distraction. Dans les couloirs

Je rencontre mon avocat. Ne crois pas que je promenais, tel un astre supérieur, non j’avais six grognards qui suivaient mes évolutions.

Le rideau se lève. La salle est comble. A Amiens, il y avait surtout des ouvriers. A Orléans

Il n’y a que des concierges, des valets de chambre, des sacristains, et des nourrices en retraite.

n Accusé, levez- vous

n Jacob Levez-vous vous-même !

n Je m’attendais un peu de votre réponse. Je vous croyais cependant assez intelligent

n pour ne pas user de la redites, réplique le président.

n Jacob lui explique en deux mots la raisons de son attitude.

n Vous magistrat, en me disant : Accusé, levez-vous ou accusé découvrez-vous, tout en demeurant assis et couvert, vous prétendez par ces paroles, être supérieur à moi ce que je conteste. Vous avez beau être draper dans une robe rouge, vous n’êtes ni plus ni moins qu’un homme semblable à moi à tous points vu. D’autre part je crois descendre du singe, et non du chien, or on n’a jamais vu un singe lécher la main qui le frappe ou qui va le frapper.

n Au fond ce président, n’est pas mauvais diable, très intelligent, érudit même et très fort impartial. Il a bien essayé de me retirer la parole à plusieurs reprises, mais j’ai continué de parler quand même.

n L’agent Couillot sera présenté comme un héros. Jacob n’hésitera pas à joindre ses félicitations à celle du président, mais en ces termes.

n D’accord monsieur le Président, il a bien mérité du Capital et de la propriété.

n Le 26 juillet, quoique le verdict soit tombé Jacob tente encore de rassurer sa mère :

n J’ai passé trois mois bien tranquille à Orléans. Tout le personnel a été convenable, autant que le permettait le règlement de la prison.

n Les Bourgeois vont à Vichy, à Plombières, ou Baden-Baden. Moi je villégiature dans les cachots de là République « QUESTION DE MOYENS »

n Jacob attend en vain la visite de son avocat depuis sa condamnation. Maître Justal lui rend enfin visite le 4 Août.

n Monsieur Jacob je n’ai pu venir plus tôt à cause d’une indigestion causée par une trop grande consommation d’huîtres. « Pauvre homme ».

n  Voilà un homme qui me quitte en faisant des souhaits des plus aimables, et des moins sincères « Sont-ils grimaciers ces honnêtes gens »

n A sa mère effondrée et désespérée à l’idée de ne plus revoir son fils. Jacob tente d’aplanir ses angoisses. Je ne me fais guère de bile pour moi, me chagriner parce que je vais au bagne « Jamais » c’est bon pour les honnêtes gens de pleurer et de souffrir dans cette vallée de larmes. Eux sont sûr de vivres et de jouir de toutes les félicités dans ce monde. Mais moi pauvre bandit inconvertible, je suis résigné à servir d’anthracite, dans la chaudière de « Lucifer »

J’ai hâte d’être en Guyane pour renifler toutes les senteurs tropicales. Voir le bagne avec ses grandeurs, ses passions, ses bassesses, ses lâchetés, et ses révoltes. J’y reverrai des connaissances, j’y trouverai des amis. Je suis persuadé, qu’ils sont déjà informés de ma situation et qu’ils m’attendent. Il est encore heureux de rencontrer des amitiés au bagne « Combien d’hommes ne peuvent en trouver nulle part »  

 

Avec plusieurs accusés du procès d’Amiens, Marie Jacob a formé un pourvoi. Ils obtiennent satisfaction. L’arrêt est cassé de nouveaux débats s’ouvrent pour eux le 26 Septembre 1905 devant les assises de Laon.

Quelle attitude à adopter ! Maître Justal l’avocat de Marie Jacob au grand dam de son fils, lui conseil de demander l’indulgence

Soyez sage, et tachez de passer inaperçu conseil l’avocat à Marie, et voilà un client docile pour lui ces l’idéal. Marie est acquittée.                                                                          

                                                                                                                                                             

Mais les cinq ans de réclusion de Rose sont confirmés, elle quittera la prison en 1908, à quarante-trois ans, l’épreuve l’a considérablement vieillie. Jacob et Rose échangent encore quelques lettres, qui avec le temps se feront de plus en plus rares pour cesser définitivement 

 

Sautarel est acquitté, il militera dans l’anarchisme jusqu’à sa mort.                                                                                                            

Bonnefoy voit ses huit ans de travaux forcés ramenés à sept ans de réclusion considérée comme dangereux, sa peine accomplie, il prendra le chemin des Iles du salut. Pour Clarenson, les cinq ans de travaux forcés deviennent cinq ans de réclusion, mais s’ajoute la relégation. Il a perdu en partie la raison. Sa mère adresse des suppliques au garde des Sceaux pour obtenir, un élargissement ou un transfert dans une infirmerie « Entre les quatre murs de sa cellule lépreuse il ne bénéficie d’aucun soin » « Un simulateur », disent plusieurs médecins attachés à là Central. On relève dans son dossier une note anonyme, rédigée sans doute par le directeur. Il est épuisé, son cerveau est dérangé, c’est un martyre, il ne vie que de lait et d’œufs, il est atteint de rhumatismes et en plus il à un bras de paralysé, pour lui l’hiver va être dur. Sa peine se terminera en Mai 1908 et après ce sera la relégation. Les services judiciaires font la sourde oreille.                                                                                                                                                                       Le 17 Juillet 1908, Clarenson embarque pour là Guyane. Et deux ans plus tard il réussi la « Belle »Et regagne là France après un périple d’une année qui lui fait traverser une dizaine de pays rétabli, le démon du jeu le reprend. Il redevient un habitué des Casinos « notamment celui de Monte-Carlo »

Les autres condamnés ayant refusé de signer un pourvoi en cassation, leurs peines restent inchangées « Bour, Ferrand, et Pélissard se retrouveront à Cayenne avec Jacob »jusqu’à la mort ils affirmeront leurs convictions anarchistes 

 

Résumé de la presse de droite et de l’anarchisme

Une parenthèse sur l’attitude de la presse n’est peut-être pas inutile

 

Que dit la presse de Jacob ?

Obsédés d’êtres les premiers à donner l’information, on se doute que le principal souci des journaux n’est pas d’apporter des explications sur l’affaire des travailleurs de la nuit

Les journaux préfère de loin d’ouvrir les colonnes, aux Princes, Grands Ducs, et Rênes du jour, s’étendre sur leurs toilettes. Disons qu’au monde ouvrier, les journaux de l’époque préfèrent de loin « Maxim’s qui s’est ouvert en 1892 rue Royale, là où se retrouvent la jeunesse dorée, les plus tapageuses fortunes et les filles entretenues.

Les colosses de l’information ont une influence déterminante dans la mise hors-la-loi de Jacob   et des travailleurs de la nuit « quels sont –ils » Le Matin, novateur dans la mise en page ! Le Petit journal qui se veut « le porte parole de tous ceux qui travaillent, épargnent et progressent et est le soutient de tous ceux qui aspirent à devenir Capitalistes, il y a encore Le Petit Parisien, l’Echo de Paris, l’Intransigeant et là Croix, bien qu’ils s’en défendent sont des organes politiques. Avec Jacob, ils utilisent largement les photos, exploitant largement l’image universelle. De nombreux cambriolages sont annoncés en première page avec des titres tapageurs avec des caractères gras. La presse de l’époque recherche des titres et des nouvelles sensationnelles afin de renseigner les lecteurs, les tenir en haleine, par le jeu de l’illustration et des textes. La mise en page révèle dans sa forme une condamnation permanente de l’illégalisme Que dit la presse anarchiste :                                                                                                                           

On ne trouve que des feuilles à faible tirage et dont la seule autorité vient de la signature de leurs éditorialistes. Il est difficile de se faire une idée de la vie précaire de ces journaux                      « Chaque parution est un exploit. Nés pour la défense d’une certaine opinion, ne subsistant que grâce au dévouement de quelques-uns, pour la plupart de cette presse était entretenus par les travailleurs de la nuit. Là aussi la partie n’est pas égale mais une fois condamné, Jacob ne sera pas oublié par les anarchistes. Bien au contraire, des plus grands noms vont se jeter dans la mêlée et lui apporter leur soutien.

L’un des foyers les plus virulents est la « guerre sociale » De Gustave Hervé et de Miguel

Almereyda. Rédigé d’une façon très mordante et tirant à cinquante mille exemplaires tous les Mercredis, ce journal entretient la flamme révolutionnaire, et applaudit les exploits de Jacob et des travailleurs de la nuit. « Une phrase insolente lui vaut plusieurs condamnation.

 

Le Catalan Almereyda, « anagramme de y- a- d’la merde » de son vrai nom Eugène de Vigo (Et père du réalisateur Jean Vigo) est arrivé à Paris en 1898 à l’âge de 16 ans. Petit fils d’un Viguier d’Andorre. Il est en rupture de ban avec sa famille, pour lui Jacob et Ravachol sont des exemples à suivre il le dit et l’écrit et fabrique une bombe qui n’éclate pas. Il fera un an de prison il à accomplit sa peine dans une cellule dans un isolement total à sa sortie de prison c’est un homme étique et malade qu’ils accueillent.

Séverine, avocate de toutes les causes désespérées, va se pencher sur tant de misère, elle dirige « Le Cri du Peuple » et mène campagne pour Jacob. Elle est toujours présente là où il y a une injustice à dénoncer ou une détresse à soulager.

En Juillet 1905 Almereyda après avoir repris des forces, fait la connaissance de Gustave Hervé, et ils resteront inséparables. Leur première collaboration donne « l’Affiche rouge » d’une violence incroyable placardée aux abords de la gare de l’Est.

Cette fois, Hervé qui avait parlé de planter le « drapeau dans le fumier » exhorte les conscrits à tirer sur les officiers (le placard est signé par Hervé, Gohier et Almereyda.

Tous les trois sont traduits devant la cour d’assises sous l’inculpation de provocation au meurtre et à la désobéissance.

 

Anatole France, écrit dans une lettre à la cour : « Il y a donc encore des crimes d’opinion !

Tant de rigueur pour une affiche, est-ce bien sage, quel profit avez-vous d’interdire d’affirmer ce qu’ils pensent, laisser leurs l’arme de la parole avant que le peuples ne brisent leurs chaînes. Une loi d’amnistie les fait remettre en liberté le 12 Juillet 1906

 

Le poète Laurent Tailhade, se fait aussi le chantre de l’anarchisme. Sa plume trempe dans le vitriol, il représente à la perfection l’homme de la révolution. Il est né a Tarbes en 1854 d’une sainte femme et d’un épileptique « né furieux pour mourir furieux » Il s’installe a

Paris et là il est éborgné accidentellement par une bombe lancée par un sympathisant de la cause anarchisme « Félix Fénéon » revêtu d’une pelisse à colle de Loutre sous laquelle il à l’air de cacher une machine infernal. Champion de l’invective libertaire au lendemain d’un attentat il écrit « Qu’importent les victimes le geste est tellement beau »

 

                AUTRE SOUTIEN DES TRAVAILLEURS DE LA NUIT « Libertad » 

 

Libertad c’est le gueulard aux jambes de laine. Alors enfant il a été abandonné dans la neige ses jambes ont gelé, personne ne connaît son vrai nom « Il serait le fils naturel d’un Préfet »Il est arrivé à Paris venant de Bordeaux mendiant sur sa route pour se nourrir. A

Montmartre, la nuit tombante il demande l’aumône agitant un gourdin assez gros et personne n’ose lui refuser et nu tête pour mieux braver cette époque à chapeau, une nuit d’hiver un anarchiste le trouve sur un banc du Boulevard Rochechouart grelottant de froid et de faim. Pendant plusieurs jours il loge dans un coin du journal le Libertaire

 

Puis toujours crevant la faim et sans travail, il s’en va au Sacré-Cœur où l’on distribue des bons de pain, ais auparavant, les affamés doivent entendre le sermon du Prêtre. Celui-ci n’a pas plutôt prononcé quelques phrases que Libertad, hurle dans l’église demandant à prendre la parole. Son intervention est interrompue par les clameurs des fidèles. Mais rien ne peut l’arrêter, un Vicaire va chercher un drap et du haut de sa chaire le laisse tomber sur la tête, roulé et ficelé, il est traîné au poste de police le plus proche « il écope de six mois de prison Libertad est lancé.

 

En 1905, il fait paraître un périodique « L’Anarchie » « Les réfractaires économiques »

Entendez ceux qui las d’attendre une amélioration de leurs sorts, préfèrent se libérer tout de suite part le cambriolage et la fausse monnaie !

 

                          Voici en quels termes Libertad commente le procès d’Amiens

                

En ce moment à Amiens deux bandes d’individus s’affrontent. L’une paraît avoir la victoire. Elle ne se bat plus, elle juge. Tenus solidement les membres de la seconde bande sont attachés, mais ne sont pas vaincus. Des premiers qu’ils soient Juges, Gardiens de la paix, commerçants ou administrateurs aucune œuvre utile n’est jamais sortie. Ils n’ont pas le pain qu’ils mangent, ni les Châteaux qu’ils habitent, ni les vêtements qu’ils portent, ni les voitures qui les roulent « Ce dont ils vivent, ils l’ont volé

 

C’est à lui Jacob que l’on doit la fameuse « causerie populaire, » pendant des heures le soir ont y discute de l’anarchisme de littérature et de sciences. Ont parle de reprises individuelles comme d’actes tout à fait naturels et légitimes les vols de Jacob s’inscrivent donc dans la logique de cette théorie.

 

De tous ces appuis n’ayons garde d’oublier celui de Georges Sorel qui consacra toute son énergie et son talent, à défendre l’action de Jacob et à susciter un élan de solidarité pour sa famille. Cinquante-neuf ans en 1906, très soigné de sa personne, vêtue de noir, avec sa chemise blanche immaculée. IL affiche sur ses cartes de visite sa qualité de « rentier »

Ingénieur des ponts et chaussée en retraite, décoré de là Légion d’Honneur, habite Boulogne sur Seine et chaque semaine il prend le tram pour Paris.

Il y rencontre des amis prestigieux comme Henri Bergson, ou Julien Benda, Romain Rolland, Charles Péguy, Daniel Halévy. Sorel leur parle inlassablement du dossier Jacob.

Cousin germain de l’historien Albert Sorel, il défend par la parole et la plume les « récupérations » de Jacob. Des deux hommes beaucoup d’anarchistes diront qu’ils étaient

Les continuateurs de Proudhon. Mais cette route commune n’aura qu’un temps, Sorel quittera les plis du drapeau noir pour celui de l’Oriflamme à fleurs de lys de l’Action Française aux côtés de Léon Daudet et de Charles Maurras.


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